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ABE Kobo

 

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Pseudonyme d'Abe Kimifusa, romancier japonais et dramaturge reconnu par son utilisation de situations bizarres et allégoriques pour souligner l'isolement de l'individu. Avant gardiste, sa familiarité avec la littérature occidentale, et avec les courants philosophiques de 20ème siècle comme l'existentialisme, le surréalisme, et le marxisme a influence ses œuvres et son traitement des problèmes liés à l'identité japonaise après la deuxième guerre mondiale

Kôbô Abé est né en 1924. Après des études de médecine, il se tourne vers la littérature. Auteur de poèmes, de plusieurs pièces de théâtre et d'ouvrages de science-fiction, il est surtout connu pour ses romans. Kôbô Abé est mort le 22 janvier 1993.


Fils aîné d'un professeur de médecine à l'université de Moukden. École primaire de Chiyoda, Mukden, séjour en Mandchurie (maintenant Shen-yang, Province de Liaoning, Chine) entre 1930-36.  Collège secondaire à Mukden de 1936-40. Etudes au Lycée Seijo à Tokyo entre 1940-43 interrompues pendant plusieurs mois à la fin de 1940 à cause d'une pneumonie. Etudes universitaires à l'Université impériale (université de Tokyo) de 1940 à 1948.  ABE Kobo n'a jamais pratiqué la médecine.  


En 1947, il se marie à Yamada Machiko (pseudonyme Abe Machi, artiste graphique). Après la défaite du japon, il abandonne la médecine et se consacre à la littérature. Au début, il était influencé par Rilke, Edgar Poe, Kafka, l'existentialisme et le surréalisme.
De retour au Tokyo du général MacArthur, Abe gagnait sa vie comme vendeur ambulant, vendant des légumes et du charbon de bois.


Il publia en 1947 à ses frais Mumei shishu ("Poèmes d'un inconnu"), et l'année suivante, son roman Owarishi michi no shirube ni ("Le panneau routier à la fin de la rue").
Il a obtenu le plus grand prix littéraire japonais, Akutawa - sorte de "Goncourt de découverte" -  en 1951 pour son roman "Les Murs" (Kabe) puis le "Prix de Littérature de l'Après-guerre" - ou "Goncourt des Jeunes" - avec Akaï Mayu, "Le Cocon Rouge".


En 1951, il publie aussi "Le Blaireau dans la tour de Babel", en 1952 "L'Arche de Noé", "La ville au milieu des Eaux", en 1956 "La chasse aux Esclaves", en 1957 "Les Bêtes tournent les Yeux vers le Lieu où elles sont nées", en 1962 "La Femme des Sables", en 1964 "Le Visage d'un Autre" et en 1965, "Enomoto Buyô".


Ses années d'enfance en Mandchourie peuvent explique les images fréquentes dans son œuvre du sable et du désert et le mélange entre l'urbain et le rural et le caractère irréel du Japon et de sa culture reçus à distance dans un pays étranger, la quête d'identité, le sentiment d'étrangeté qui caractérisent ses personnages.


Il s'inscrit au Parti communiste. En 1956, il est invité à Prague par l'Union des écrivains tchèques. Son roman de science-fiction InterIce Age 4 (1958) démontre comment la rigueur scientifique prend l'insolite pour point de départ,  l'angoisse du présent en face du future.
Son roman "La Femme des Sables" ( Suna no onna) est un grand succès de librairie ; il a obtenu la consécration au Japon, en obtenant le prix du Yomiuri - ou "Goncourt d'apothéose" -. Ce roman a été classé par l'UNESCO parmi les oeuvres représentatives du patrimoine littéraire universel. Le cinéaste, Teshigahara, en a tiré un film qui a été reçu comme un message des temps actuels et couronné au festival de Cannes. Ce même livre a été couronné en France du prix du Meilleur Livre Étranger.


Il connaît une consécration internationale à partir de 1962 grâce à la  femme dans les dunes.  Le film du même nom, dont il écrit le scénario, est primé en 1964 au festival de Cannes. À la même époque, il est exclu du Parti communiste pour déviation trotskiste.
Dans le japon après guerre, Abe Kobo est l'auteur du modernisme à la façon de nouveau roman français, du théâtre de l'absurde, ou le réalisme magique latino-américain.
Son travail a trouvé un écho dans l'ouest capitaliste et  dans les pays socialistes, aidé par son fond communiste et la politique de détente sous Khrushchev.


Il poursuit parallèlement une carrière de romancier et d'homme de théâtre. Ses romans traduits à l'étranger, La Face d'un autre (1967), Le Plan déchiqueté (1967), L'Homme-boîte (1973), Rendez-vous secret (1977), et sa pièce Friends (1967), jouée à Paris en 1981 sous le titre Nos Merveilleux Amis,  témoignent, d'une grande constance dans la thématique et dans l'écriture.


Ses personnages sont en fuite ou à la recherche d'un fuyard, mais si grande est la fascination qu'exerce le fuyard que parfois le chasseur s'évanouit à son tour à la fin du récit.
La fuite peut surprendre, ces personnages sont solidement ancrés dans une vie familiale et professionnelle, qui rejettent le confort, et souffrent de l'absence de communication avec les autres. Les conditions les métamorphosent lentement  et progressivement. L'auteur exprime ces changements à travers un mouvement incessant du monologue intérieur, des marches dans les couloirs d'hôpitaux, dans les rues de la métropole ou des banlieues.


Chez ABE Kobo, l'espace est circulaire, le caractère obsessionnel d'un retour vers des lieux clés réels et mythiques. Cette fuite n'exclut pas la poursuite  d'un but. La trajectoire est relativement claire pour le protagoniste de La Femme des sables qui trouve, au terme du récit, une réelle communication avec la femme, avec le travail et au sein de la communauté sociale.

L'écriture unit, selon un mode tout à fait étranger à la tradition japonaise, la sécheresse scientifique du compte rendu aux métaphores surréalistes, les distorsions chronologiques que le narrateur fait subir au récit, le jeu ambigu sur les noms propres, sur les initiales ou sur le pronom personnel je, souvent dédoublé.  Il s'agit d'une construction en miroir et des substitutions de personnalité.

La femme des sables marque un point de départ dans la carrière d'Abe malgré un langage analytique riche en vocabulaire technique.
On trouve chez lui les influences de Franz Kafka et d'Edgar Allan Poe, dans un style imprégné de surréalisme.

Au contact avec l'avant-garde des artistes à Tokyo d'après-guerre, Abe est fortement influencés par la philosophie existentialiste, par Rilke et dans
Les années 50 par les enseignements Marxistes sur le matérialisme.

Dans ses textes des années 60, Abe explique qu'il voit le langage comme un moteur de l'histoire, une libération, et une aliénation à la fois. Le langage selon lui met un écran entre la perception humaine et les choses matérielles.

Après que son contact avec le surréalisme, Abe ait commencé à employer des jeux de mots illustrant le pouvoir du langage. Le pouvoir du langage est dépeint sa pièce le collaborateur anonyme est ici). Le personnage principal est un homme mort existant seulement par ses mots.

Après le surréalisme des années 50, Abe s'intéresse aux sciences-fictions pour profiter de leurs capacités à spéculer, et à sortir du réel.
Son premier roman des sciences-fictions période glaciaire inter4, raconte comment un ordinateur commence à manipuler l'évolution humaine.
Dans la femme dans les dunes, il décrit une société d'allure réelle mais de contenu riche en science fiction, une société du merveilleux

Les années 50 étaient des années de radicalité politique.
Les grandes espérances, bientôt déçues, d'changement social vers une égalité espérée après la fin de la deuxième guerre mondiale.  Abe était parmi les artistes qui ont cru à l'importance de la lutte politique et à la radicalité.
Après son expulsion du parti communiste en 1962, il critiquait comme d'autres écrivains les pratiques antidémocratiques du communisme.

Après cette rupture avec les communistes, il produit plusieurs textes pour le théâtre, comme (la face d'un autre). Dans cette pièce, le premier narrateur, au visage défiguré réalise un nouveau visage pour lui-même, et s'enferme ainsi dans une personnalité - masque. Il finit en tant qu'étranger méprisé par la société.

Pendant cette période,  Abé est de plus en plus retiré et pessimiste. Il produit deux romans importants (le cadre Homme) et Mikkai (rendez-vous secret).  Son roman des années 80, Hakobune Sakuramaru (l'arche Sakura), est riche des idées originales, mais Manque d'intensité.

Son dernier roman fut couronné de succès,  noto de Kangaru (kangourou Cahier).  Le narrateur se déplace vers un hôpital près d'une Source thermale et réussit une succession de rêves dans des rêves.
Le livre est autobiographique selon l'éditeur, mais il est surtout une illustration sur le métier d'écrire,  sur la condition humaine, entre Aliénation et isolement.

Abe a formé l'Abe Kobo Studio, une compagnie de théâtre, en 1973. Il a régulièrement écrit une ou deux pièces par an pour la compagnie. Le plus connu de ses pièces, Tomodachi (1967, amis), a été interprété aux États-Unis et en France. Au théâtre, comme dans le roman, il a défendu l'avant-garde et l'expérimentation.


Il meurt en 1993, à l'âge de 68 ans. C'est alors un écrivain mondialement reconnu, traduit dans une vingtaine de langues, dont les thèmes fétiches sont l'aliénation et la perte d'identité.

 

La femme des sables, œuvre d'une force exceptionnelle


Ce roman de Kobo Abe, La Femme des sables a été traduit en 20 langues et adapté pour un film primé de Cannes en 1964 dirigé par Hiroshi Teshigahara.


Ce roman exceptionnel, traduit dans le monde entier, a été couronné au Japon par le Prix Akutagawa en 1962 et le Prix du Meilleur Livre Etranger en France en 1967.
Roman insolite d'une extraordinaire richesse, dur et angoissant qui, sous l'exactitude et la précision des détails d'une fiction réaliste, retrouve la dimension des mythes éternels. Il ne s'agit de rien d'autre que de la condition humaine avec ses limites désespérantes, ses illusions et ses espoirs.

 

 

 

 

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